Je ne sais pas si vous vous sentez souvent submergés par l'information, incapables d'en maîtriser le flot. Moi si. Il y a eu l'information continue à la télévision, puis l'internet. Fils RSS, alertes, manchettes, manchettes actualisées,vous n'en avez pas marre?
Sous le titre Overload (How journalism can save us all from too much information), le numéro de novembre-décembre de la Columbia Journalism Review propose un dossier élaboré sur le déluge de l'information et la lassitude qui en découle. Tout journaliste et plus encore tout patron de presse doit au moins lire l'article principal qui couvre sept pages du magazine, que l'on trouve aussi sur Internet à l'adresse www.cjr.org.
L'auteur, un journaliste, Bree Nordenson, explique brillamment comment l'information présentée sans contexte est inutile, parfois nuisible. "The most valuable journalism is the kind that explains." C'est aussi, aspect non négligeable, le type de journalisme pour lequel le public serait disposé à payer. L'auteur situe son enquête dans le contexte de l'économie de l'attention, une idée qui n'est pas nouvelle, et selon laquelle nous avons peu de temps pour nous informer et ne voulons surtout pas gaspiller ces moments précieux. Le journalisme doit être "efficace". Nordenson parle d'un magazine, The Week (dont le tirage serait en hausse constante depuis quelques années), dont l'objectif est de permettre au lecteur de bénéficier en une heure de lecture des dizaines d'heures que l'équipe rédactionnelle aura consacrées à comprendre et à synthétiser les événements importants de la semaine écoulée.
De nombreuses enquêtes et de nombreux auteurs à l'appui, Nordenson convainc aisément son lecteur que l'avenir réside non pas dans l'ajout de clinquant à l'offre d'information (des blogs aux vidéos et autres "sound bites" en passant pas les "chats" avec les journalistes), mais dans des efforts consacrés à la mise en perspective et à l'explication de l'information. Il cite un ouvrage intitulé The Paradox of Choice: Why More is Less, dont l'auteur, Barry Schwartz, écrit: "Freedom of choice eventually becomes a tyranny of choice".La masse d'informations devient un lourd fardeau.
Donner un sens à l'information.Je sais que je reviens souvent sur ce thème.C'est aussi la thèse du professeur Philip Meyer dont j'ai parlé récemment. J'ai déjà cité mon ami Louis Martin qui disait il y a une quinzaine d'années que le journaliste, ce devait être le standardiste qui branchait les fils sur les bons circuits.Celui qui sait faire les liens entre les morceaux disparates d'une information fragmentée.C'est la planche de salut du journalisme de qualité.
Hors-sujet (pour les résidents de la ville de Québec!). Aimez-vous le sport?J'aime le baseball.Je l'avoue,je ne me suis pas remis du départ des Expos.Le football?Peu.Mais je sais que le Rouge et Or de mon université a remporté la coupe Vanier.Qui ne le saurait pas.Mais là aussi,trop, c'est trop. Dimanche dernier, Le Soleil a consacré 13 pages au Rouge et Or. Le soir, les trois remières nouvelles du téléjournal régional de Radio-Canada étaient consacrées aux sports.Rouge et Or, Alouettes et coupe Grey,retrait du chandail de Patrick Roy.Bien sûr,je le sais,il faut respecter le droit du public à l'information.Sauvageau,élitiste!
mercredi 26 novembre 2008
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1 commentaire:
Sur la surabondance d'information, je signale le livre Data Smog, du journaliste américain David Shenk, publié en 1997 en pleine explosion d'Internet. L'auteur offrait un équilibre suffisant entre vision d'avenir et mise en contexte historique, pour que son livre n'ait qu'à peine vieilli, aujourd'hui, 11 ans plus tard.
http://www.amazon.com/Data-Smog-Surviving-Information-Glut/dp/0060187018
L'an dernier, l'auteur était interviewé sur son livre, une décennie après sa parution:
http://www.slate.com/id/2171128/
"Donner du sens à l'info" pour lutter contre cette surabondance: c'est aussi ce qu'on disait en 1997, et c'est sans doute un rôle que jouent plus souvent, en moyenne, les pigistes que les salariés des grands médias, parce que les deux principaux axes où les pigistes sont employés -la presse magazine et la recherche télé- sont ceux où on fait le moins de nouvelles au jour le jour. Bien que ces deux axes soient soumis eux aussi au même rétrécissement —des contrats de moins longue durée et des magazines qui réduisent la longueur de leurs articles— n'en demeure pas moins qu'on peut expliquer un peu plus, donner un peu plus de sens, en 4 feuillets qu'en 40 lignes.
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