mardi 11 novembre 2008

La bataille des anciens et des modernes

La télévision reste de façon quasi outrancière la source d'information principale des Québécois. La radio ne perd pas tant de plumes que certains l'affirment et l'internet n'a plus rien de l'outil marginal d'information qu'il était encore il n'y a pas si longtemps.

Quelques résultats d'un sondage que le professeur Pierre Noreau, de la Faculté de droit de l'Université de Montréal, et moi avons mené au cours des dernières semaines confirment quelques-uns des traits qu'ont identifiés d'autres enquêtes au sujet des habitudes d'information des citoyens. (L'essentiel de l'enquête préparée dans le cadre d'une présentation que nous avons faite vendredi dernier, lors d'un congrès qui réunissait plusieurs centaines de juges du Québec et du reste du Canada, porte sur l'image publique des juges).

84% des répondants (1056) disent consulter assez souvent la télévision pour s'informer, 60% la radio et 45% l'internet.La télévision reste populaire chez les répondants de tous les groupes d'âge (davantage chez les 55 ans et plus). 67% des personnes interrogées répondent "oui" à l'énoncé:Je préfère m'informer à la télévision plutôt que dans les journaux. La différence selon l'âge est au contraire marquée pour la fréquentation de la Toile. 61% des 18-34 ans disent consulter assez souvent l'internet pour s'informer alors que 55% des 55 ans et plus ne le font jamais.

La progression de l'internet comme outil d'information des citoyens ne fait plus de doute. Outre le courrier électronique, de loin l'activité la plus largement pratiquée en ligne, la recherche de nouvelles et d'information "ne cesse de constituer l'utilisation la plus fréquente de l'internet", constatent les auteurs du deuxième rapport d'une série d'enquêtes pan-canadiennes amorcée en 2004 et dont l'objectif est de traquer l'évolution dans le temps de l'internet et des autres technologies nouvelles et d'évaluer les conséquences de leur utilisation sur les médias traditionnels (www.ciponline.ca).

79% des internautes qui ont participé à l'enquête de 2007 de Recherche Internet Canada disent fréquenter régulièrement le Web afin d'y consulter les nouvelles. Les sites de nouvelles les plus fréquentés par les internautes francophones sont Radio-Canada (25%),Canoë (25%) et Cyberpresse (13%).

Il est intéressant de noter que les auteurs constatent comme nous que les médias traditionnels tiennent le coup. Ils écrivent:"Les activités en ligne semblent en grande partie compléter plutôt que remplacer l'utilisation des médias traditionnels." N'annonçons pas trop vite leur mort imminente.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

À la venue de la Télévision, plusieurs ont annoncé la mort de la Radio... 56 ans plus tard, on a encore la Radio !
Avec la venue des cartes de débit, on a prédit la disparition de la monnaie (métal et papier); ce n'est pas encore arrivé !
Par contre, le téléphone portable est en train de faire disparaitre les téléphones publics, si commodes pour ceux et celles qui n"ont pas de portables. Bizarre !

Garamond

Anonyme a dit…

Pour ce qui est de la "mort imminente" des médias dits "traditionnels", il serait temps de tourner la page sur cette vision. Une poignée d'internautes utopistes ont jonglé très fort avec cette théorie dans les années 90, et ont eu l'oreille complaisante des médias, mais leur théorie a obtenu une attention disproportionnée par rapport aux arguments plus fouillés et plus pondérés.

Comme le dit "Anonyme", la radio est encore là, 56 ans plus tard. Mais c'est justement dans cette présence que se trouve quelque chose qui a été insuffisamment analysé: la radio est toujours là, certes, mais l'information y a considérablement régressé. Le journalisme radio est bien loin de la place qu'il a déjà occupé. Cette "évolution" ne serait-elle pas un signal d'alarme lorsque nous réfléchissons à l'avenir du journalisme (ou de la presse écrite) à l'heure d'Internet, des blogues, des réseaux sociaux et autres bebelles encore inconnues?