lundi 3 novembre 2008

Tentation corporatiste?

Les journalistes deviendraient-ils corporatistes? La décision du Parti conservateur d'accréditer quelques blogueurs, aux côtés des journalistes, lors de sa prochaine convention en a irrité certains. Je ne comprends pas très bien pourquoi.Le voisinage des uns et des autres,ai-je lu, ouvrirait la porte à une "inquiétante confusion" dans une professsion où il y en a déjà trop.Le public me semble bien capable de faire les distinctions requises.Il sait bien que le blogueur-journaliste à l'emploi d'un quotidien n'a rien à voir avec le blogueur-sympathisant tory ou libéral.
La décision des Conservateurs va dans le sens de ce qui se fait depuis 2004 aux USA, alors que Républicains et Démocrates ont commencé à accréditer des blogueurs lors de leurs conventions.Les critères retenus par les Conservateurs (l'attrait et l'influence du blog,l'originalité du contenu,l'espace disponible, etc.) s'apparentent à ceux qui avaient été utilisés par les Démocrates, les premiers à admettre des blogueurs.
Les blogueurs ne sont pas tous journalistes au sens où nous l'entendons le plus souvent aujourd'hui,bien au contraire,mais je ne vois pas très bien en vertu de quel principe on leur refuserait pour autant de "couvrir" la convention d'un parti politique.En revanche,il sera intéressant de voir comment certains tireront leur épingle du jeu. Bien des blogueurs, souvent prompts à pontifier, loin des événements et en s'appuyant sur le travail de reporters "professionnels", verront que faire du terrain n'est pas si simple qu'ils donnent parfois l'impression de le penser.

Il arrive aussi à mes amis journalistes d'avoir la peau sensible. L'insistance de la Tribune de la presse, à Québec, pour obtenir des excuses "publiques" de la ministre Michelle Courchesne qui a enguirlandé une journaliste il y a plusieurs semaines, m'agace tout autant que l'attitude manifestée dans le dossier précédent.Je ne sais pas ce que la ministre a dit à la journaliste qui pourrait constituer une "tentative d'intimidation" telle qu'on ne pourrait la tolérer " dans une société démocratique qui croit en la liberté de la presse". Cela doit être bien grave! Ce n'est pas la première fois,dans ce grand collège où se côtoient ministres,députés et journalistes, qu'un reporter se fait enguirlander par un ministre, ni la dernière. Pour une fois qu'un ministre n'a pas eu la langue de bois. Mais la vilaine, qui a poussé l'outrecuidance jusqu'à se montrer "condescendante envers l'ensemble des journalistes", avait oublié que ces derniers manifestent le plus souvent un bel esprit de corps.

Pour conclure,un mot positif envers les journalistes en répondant à la question d'un internaute.Le journaliste est-il,comme on l'entend souvent, soumis aux diktats de l'entreprise de presse qui l'emploie? Ce serait faire injure aux journalistes de les imaginer aux ordres. En revanche, il est certain que plus leur statut est précaire,comme je l'ai écrit dans un texte précédent, plus il est possible de les mettre à sa main.D'où l'importance,dans les grands médias, des règles de conduite professionnelle, dont les conventions collectives négociées au fil des ans par les syndicats garantissent le respect.Il ne faut pas non plus être naifs.Une entreprise de presse ne confierait pas la direction de sa salle de rédaction ou de sa page éditoriale à quelqu'un qui ne partagerait pas au moins certaines idées avec les propriétaires.Et cela ne devrait étonner personne. Tout est affaire d'équilibre. La vigilance du public est aussi d'une certaine manière garante de l'indépendance des journaliste dans les sociétés démocratiques.Les directions de médias savent bien qu'elles ne peuvent chercher à contrôler le travail d'information des journalistes sans provoquer une tempête qui ne pourrait que leur être préjudiciable.

Je vous invite enfin à lire le texte que la journaliste Sophie Cousineau a laissé vendredi sur son blogue de Cyberpresse. Elle conclut en posant la question suivante: Sur quels supports et avec quels moyens les journalistes travailleront-ils demain? Cela rejoint le thème du documentaire que Jacques Godbout et moi préparons et auquel ce blogue est aussi en principe consacré.J'y reviens bientôt.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

http://alouestdepluton.com/

Un film québécois à voir et revoir!

Anonyme a dit…

D'accord pour admettre des blogueurs aux congrès mais pas n'importe quel bozo qui s'est fait un site et qui est lu par 3 personnes...