mercredi 11 février 2009

Angoisses,espoirs et tâtonnements

Les prévisions catastrophiques s'amoncellent. Les éditions imprimées des journaux, déjà condamnées par plusieurs à une lente agonie, disparaîtraient plus vite que prévu. Le directeur de recherche d'un grand cabinet de consultants prévoit qu'un éditeur sur dix (journaux et magazines) devra soit abandonner l'édition-papier, soit en réduire la fréquence de publication, voire cesser ses activités en 2009. Un autre analyste, cité par le magazine The Atlantic dans son édition de janvier-février, croit que plusieurs villes américaines pourraient bien se retrouver sans quotidien dès 2010. Le magazine laisse même entendre que le vénérable New York Times imprimé pourrait bien ne pas passer l'année ( Michael Hirschorn, End Times,The Atlantic, p.41).

Certains rejettent ces mauvais augures et font toujours confiance au papier. Au point de penser que l'internet,qui signe pour les uns l'arrêt de mort des journaux, pourrait au contraire contribuer à les relancer.Joshua Karp a conçu un journal dont le contenu s'appuie sur des blogs, l'un des emblèmes de la Toile et de son interactivité. The Printed Blog, c'est le titre de nouveaux journaux lancés il y a quelque jours à Chicago et à San Francisco (d'abord hebdos,bientôt quotidiens) par cet entrepreneur qui aime l'expérience physique que représente le papier, la sensation tactile, les doigts salis par l'encre.

Ces journaux gratuits poussent à l'extrême l'idée de proximité. (Voir un article du New York Times du 22 janvier. "Publisher Rethinks theDaily:It's Free and Printed and Has Blogs All Over" ). Dans chaque ville, des dizaines d'éditions différentes, selon les quartiers, seront distribuées à un nombre restreint de lecteurs (1,000 exemplaires par édition). Le journal sera financé par la publicité, vendue à très bas prix ( de15$ à 25$ selon l'espace) à des commerçants du quartier qui ne peuvent payer les tarifs des grands quotidiens métropolitains. Le fondateur prévoit que chaque édition de quartier, une le matin et une en fin d'après-midi, pourrait lui rapporter entre 750$ et 1500$ par semaine. Il partagera ces profits avec les blogueurs participants.Est-ce viable?

J'ai cru un instant que cette idée étonnante, sinon saugrenue, d'un blog sur papier était tout à fait nouvelle. En fait, il n'en est rien.Des blogueurs font des livres de leurs "posts" et des commentaires qu'ils reçoivent, comme des journalistes le font avec leurs chroniques ou reportages. En France, l'hebdomadaire-papier Vendredi (que je n'ai pas encore vu) propose depuis octobre dernier une sélection imprimée de textes puisés sur la Toile "qui s'impose, disent ses artisans, comme une véritable source foisonnante d'informations et de débats d'idées." Le fondateur de cet hebdo, Jacques Rosselin, a crée le Courrier international, où l'on regroupe avec succès des textes de la presse du monde entier. Le principe est le même. Et sur la Toile, les possibilités de choix sont décuplées. Mais est-ce viable?

Aux États-Unis, la mort annoncée du NYTimes a suscité des réactions vives de l'entreprise qui a accusé le magazine The Atlantic de spéculations non fondées. Pourquoi interrompre la publication d'un journal toujours rentable, malgré un tirage qui décline et des revenus publicitaires qui chutent. La publication sur Internet seulement serait désastreuse pour la qualité du journal. La publicité sur Internet rapporte encore peu. La version web du Times bien que lue par 20 fois plus de lecteurs que la version papier ne permettrait de financer que 20% de l'effectif rédactionnel actuel. L'un des patrons de la rédaction expliquait récemment (Bloomberg, 3 févier) que le journal étudiait la possibilité de revenir sur la décision qu'il avait prise il y a moins de deux ans d'abandonner le paiement par les usagers du web (pensant alors augmenter le nombre de lecteurs et ainsi accroître ses revenus publicitaites).

C'est l'économie, "stupid"! Chacun cherche le modèle d'affaires le mieux adapté au grand chambardement et personne ne sait ce qui résultera de toutes ces expériences et de tous ces tâtonnements.

2 commentaires:

Renart Léveillé a dit…

Très intéressant. Je cites et discute de ce billet sur Blogosphère.

Anonyme a dit…

Ayant puisé pendant un certain nombre d'années des éditoriaux dans des journaux à travers le monde entier pour alimenter une chronique médiatique je cessai cette activité. Car, une par une les directions imposaient des frais d'abonnement.
Ce changement de politique semblait financièrement nécessaire malgré qu'elles devenaient de certaines barrières imposées à la libre circulation des idées.
M'abonner seulement aux meilleurs journaux du monde m'aurait imposé des frais trop importants pour le revenu retiré, mais sans leur qualité exceptionnelle mon travail n'avait plus aucune valeur à mes yeux.
La multiplication des commentaires sur un sujet donné l'enrichit mais la réduction ne l'apprauvit pas mais le réduit à néant.
Un édito sur un événement extraordinaire publié dans une feuille de chou dans le patelin le plus reculé peut valoir son pesant d'or mais ne justifie pas un abonnement
Les internautes ont refusé de s'abonner et les grands journaux du monde sont revenus petit à la gratuité
Les éditeurs méconnaissaient leur lectorat, issu du monde entier et de toutes langues, ayant aucun intérêt à la survie de leurs publication ayant comme base une information locale et régionale.
La réticence à payer pour un abonnement aux éditions internets des journaux découle du fait que le lecteur paye ou un tarif horaire pour accéder le web dans un local approprié ou pour posséder un ordinateur et payer une connexion internet.
Le navigateur internet ne voit pas pourquoi il paierait un surplus pour lire des journaux spécifique alors qu'il y en a tellement d'autres gratuits
Il paie pour un produit et il estime y avoir un accès complet.
Lorsqu'il achète son journal il peut lire toutes les pages,
La généralisation souhaitable de la gratuité de l'accès internet aurait dû précéder la diffusion des journaux sur l'internet cela aurait peut être aidé mais je n'en suis pas sûr.
Les médias tradionnel télévision et radio sont gratuits, Les chaînes spécialisées ont réussi à s'imposer à la télévision, mais les nouvelles technologiques radiophoniques ont peine à survivre.
Cette dernière technologie comme la partie journalistique de l'internet ne sont pas considérées comme étant essentielles dans leur media respectif.