lundi 22 septembre 2008

L'activité journalistique

J'ajoute mon premier grain de sel à la conversation (encore restreinte). Selon l'article de la Columbia Journalism Review dont la lecture a été proposée par Philippe Marcoux,la vraie question ne serait pas "Qu'est-ce qu'un journaliste?" mais plutôt "Qu'est-ce que le journalisme?". Bruno Boutot définit ainsi l'activité journalistique: "Recueillir des informations auprès de sources et les présenter à un public." Je crois en effet que c'est cela la spécificité du journalisme: la collecte des faits et leur vérification. Le journaliste peut bien aussi commenter l'actualité, mais ce n'est pas ce qui caractérise son travail. Le journaliste, c'est le témoin. Le témoin "professionnel."

Il faut, je pense, distinguer l'activité journalistique de la liberté d'expression et d'opinion qui appartient à tous. Chaque citoyen peut s'exprimer par blogue ou autrement et contribuer par ses commentaires et opinions, en certains cas de façon notable, à la circulation de l'information et des idées. Mais ce n'est qu'exceptionnellement qu'il exercera le rôle de témoin que remplit le journaliste. En disant cela, je ne dénigre pas les journalistes-citoyens et je ne partage pas l'attitude hautaine et suffisante de certains journalistes traditionnels à leur endroit.Le
citoyen peut aussi être à l'occasion ce témoin mais ce ne sera pas de façon régulière ou continue. Ce n'est pas son métier.
F.S.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je pense qu'effectivement il soit nécessaire de distinguer le journaliste professionnel du blogueur ou de toute personne qui exerce sa liberté d'expression via un média tel qu'Internet. Mais alors, quelles caractéristiques distingue le journaliste professionnel des autres ?

Anonyme a dit…

pardon : "distinguent"...

Anonyme a dit…

Bonjour Monsieur Sauvageau. Je suis heureux de vous retrouver sur la toile.

Vos deux premiers billets m’inspirent différentes réflexions. Ce blog est intitulé «Où est passé le 4e pouvoir ?» qui laisse entendre que vous allez discuter de la presse comme acteur dans la cité. Puis vous interrogez sur la définition du métier. Il y a, si je peux me permettre, un saut d’échelle entre un aspect politique et global puis des enjeux propres à une corporation.
Dans votre premier article, vous reprenez les critiques 2.0 faites au journalisme : le blog bouscule la presse parce qu’il renverse son élitisme de papier. Dans votre second billet, vous tâchez d’approfondir la notion de journaliste et de distinguer sa parole à celle du citoyen. Le journaliste fait métier de témoigner. Mais si l’on doit chercher les causes des difficultés endurées par le 4e pouvoir, il ne faut pas considérer, je crois, la parole citoyenne comme une concurrente. Citoyens et journalistes partagent un devoir de vigilance et d’expression. Que l’une de ces deux voies trouve soudainement plus d’écho ne se fait pas au désavantage de l’autre. La prise de parole au sein d’une société n’est pas un jeu à somme égale. C’est un processus variable et tributaire de plusieurs choses et même de la soudaine irruption d’une nouvelle technologie.
Le métier de journaliste était déjà souffrant avant Internet. L’industrie, elle, fonctionnait rondement, même si ses comptes étaient moins bons qu’avant, mais c’est elle qui souffre le plus du défi posé par le web. Ses revenus publicitaires se sont écrasés, comme vous le savez. Ces comptes au rouge ont simplement exposé au grand jour le malaise de la profession et le besoin des citoyens pour un autre type de récit, une autre manière de raconter les événements.

Le métier de journaliste subit une concurrence des blogs là où ceux-ci renouvellent les formes du témoignage.

Françoise G. a dit…

Bonjour M.Sauvageau
Internet est une bien étrange bête médiatique. La Toile est à la fois une source d'information, une plate-forme de diffusion, un média d'information officiel ou non dans certains cas, un espace public où circulent librement pensées, opinions, idées, informations, transactions et communications. Bref, Internet est le reflet virtuel, sans doute partiel, mais tout de même réel, de la société et de l'activité humaine. Voilà pourquoi les journalistes et les dirigeants des médias et des salles de rédaction, doivent y prendre part, s'y intéresser, y circuler, y diffuser, mais aussi en comprendre les enjeux, en connaître les principaux acteurs et en saisir la portée et les limites. Jamais aucun autre média n'avait donné au simple citoyen un accès aussi direct à la diffusion de masse de ses idées et de ses opinions. Il est dorénavant à la portée de tous de publier des textes (de les plagier aussi), des photos et des vidéos (de les truquer aussi). Tout citoyen peut prendre un instantanné d'un événement, d'une situation et la diffuser. Mais le journaliste professionnel a pour tâche, lorsqu'il est témoin d'un même événement, de le mettre en perspective, d'en saisir et d'en rapporter les causes et les conséquences, d'en comprendre le contexte, d'en vérifier tous les faits et dans certains cas d'en faire une analyse. Ces "réflexes" journalistiques ne sont pas le fait des non professionnels. Mais surtout, le journaliste professionnel, tout comme le média qui l'emploie ou qui diffuse ses reportages, assume une responsabilité professionnelle et éditoriale, il doit suivre un code de déontologie et des règles de pratique auxquels le citoyen ordinaire n'a pas à se soumettre. Il ne suffit pas de prendre une photo et de la diffuser pour faire du journalisme. Bien sûr, les événements et les documents rapportés ou diffusés par les citoyens peuvent éclairer, aiguiller ou voir même compléter le travail du journaliste, mais ils ne devraient pas se substituer aux reportages professionnels. Internet a certes changé les méthodes de travail des journalistes, facilité leurs recherches et leur offre de formidables outils de communication. Mais le journalisme, lui, reste et doit rester le même et continuer de suivre les régles de déontologie et la rigueur qui en garantissent la qualité. Le terme de journaliste citoyen entretient la confusion des genres, dilue la notion de responsabilité éditoriale. Je lui préfère le terme de citoyen témoin.

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je suis un étudiant en Communication Publique à l'Université Laval et j'ai assisté au tournage de cet après-midi. Je ne suis pas du genre à me mettre à l'avant de tous pour débattre de mon opinion, mais j'aimerais malgré tout vous en faire part.
Personnellement, je suis un de ces citoyens qui ne s'informe pas directement, dans le sens où je ne lis pas de journaux ni de magazines, n'écoute la télévision qu'une fois par semaine (et rarement les nouvelles), n'écoute la radio que pour la musique, et navigue sur internet que pour des recherches et échanger avec mes amis par le biais de "msn" ou en lisait leur "blog". Ce n'est pas parce que je ne m'intéresse pas à ce qui m'entoure, ou encore que je renis la société dans laquelle je vis. Il s'agit simplement que les dites nouvelles ont plus ou moins d'impact dans ma vie direct ou dans celle de mon entourage. Comme vous l'aviez mentionné lors du tournage, je suis ce genre de personnes qui se disent que les nouvelles qui les concernent finiront par les trouver, surtout lorsqu'elles font la une des journaux, et qu'on ne parle que de ça aux nouvelles télévisées et radiophoniques durant parfois toute la semaine. Lorsqu'un sujet me touche plus directement, lorsqu'il y a un "brassement" d'idées et de principes moraux, alors à ce moment là, je lis un article qui rapporte la nouvelle, les raisons et les conséquences de celle-ci pour que je puisse ainsi me faire une idée du sujet.

Selon moi, ce n'est pas que je ne me souci guère de ce que la société peut apporter à l'individu, mais je me préoccupe plutôt de comment l'individu réagis en société.

De nos jours, tous le monde peut écrire ce qu'il veut et étaler sa vie privé sur internet. Toutefois, je crois que nous aurons toujours besoin de journalistes crédible qui rapportent les nouvelles, sinon personne ne pourra débattre librement, puisque les gens seront mal informés sur un événement et ils ne prendront pas en considération tous les faits qui accompagnent cette nouvelle.
Personnellement, ce que j'ai besoin, ce sont des échanges interpersonnels, ce sont des gens avec qui je peux échanger des idées, des opinions, et ils se trouvent souvent qu'ils s'agissent de mes amis.

Une opinion parmi tant d'autres, je voulais simplement vous partager mon point de vu.

Bon film!

Maxime Turcotte, étudiant de 19 ans à l'Université Laval en Communication Publique

Anonyme a dit…

Pour oser une piste de réponse;
Le journaliste n’est certainement pas un chroniqueur, c’est-à-dire quelqu’un qui donne son opinion personnelle sur tout et sur rien. Je crois que le journaliste est à pour trouver et exposer au public le plus de points de vue possibles sur un sujet donné. Il est un allumeur de réverbères, un éclaireur, quelqu’un qui pose des questions auxquelles on aurait pas pensé. Il est un professionnel et à mon avis il devrait avoir une longueur d’avance sur le commun des mortels parce qu'il est attentif, perspicace et rusé! En plus, avec le flot d’informations que nous avons a traiter, même avec les plus belles intentions du monde, il m’apparaît illusoire de croire que nous puissions avoir le temps, l’énergie et la compétence pour démêler tout cela…
Bienvenue sur le net M. Sauvageau!

Anonyme a dit…

Un journaliste qui n'exprimerait jamais son opinion, ne ferait que relater les faits («just the facts, ma'am»)ne mériterait donc pas qu'on ajoute sa signature au bas de son texte...
ëtre journaliste, je me permettrais de commenter brièvement toute nouvelle, un tant soit peu bizarre, que je rapporterais, non ?